Mars 2023, j’ai 45 ans. Ecrire la genèse du projet, c’est écrire un bout de mon histoire. Quand je rédige ces lignes, j’ai reconstruit ma vie, un métier qui me passionne, des amis. Et pourtant, ça ne suffit pas, ou plutôt ça ne suffit plus. Depuis près d’une année, un vide, un vide immense, comme un non sens à mon existence.

 

Et comme à chaque fois, mes pensées me ramènent en 2004, 1er novembre, j’ai 27 ans. Paris-Charles de Gaulle, l’avion quitte l’aéroport, direction Brazzaville. Mes larmes coulent en entendant cette voix dans ma tête qui me dit « tu vas trouver là-bas ce que tu cherches depuis toujours, toi ».

Plusieurs jours à l’orphelinat à m’occuper des enfants, leurs douleurs, leurs peurs, leur histoire. La magie opère, la leur, la mienne. La vie prend vie.

C’est à cet endroit du monde que pour la première fois je me sens vivre, je suis en vie.

Fin de la mission, retour en France. Une certitude : l’humanitaire fera partie de ma vie. Où ? Quand ? Comment ? C’est l’avenir qui me le dirait.

 

J’ai 45 ans. Près de vingt ans se sont écoulés. Vingt ans à construire et à vivre un pan de ma vie.

Vingt ans où, trop souvent, mon cœur et mon âme sont heurtés par la cruauté des violences subies par les femmes en Inde. Mes pensées se tournent alors vers les survivantes. Je pleure celles qui ont succombé. Vingt ans… année après année, jusqu’à l’évidence…

Les guider sur le chemin de la reconstruction, je peux, je sais, je l’ai déjà fait avant elles.

Mon choix est fait, tant qu’on m’en donnera la force, j’irai vers celles qui voudront de mon aide. Et je fais le vœu que beaucoup d’autres me suivent sur ce chemin.

A celles et ceux qui s’inquiètent de mon engagement dans cette cause pour ce pays… Rabindranath TAGORE disait : La leçon la plus importante que l’homme puisse apprendre dans sa vie n’est pas que la douleur existe dans le monde, mais qu’il dépend de nous d’en tirer profit, qu’il nous est loisible de la transmuer en joie ».